Fiche de Jem

-Once upon a time-

Une petite fille était allongée sur le dos et contemplait avec merveille le tableau qui s'offrait à elle. De petites paillettes parsemées ça-et-là constellaient une toile d'un noir profond. L'espace. Cette troublante et paradoxale alliance de la clarté des ténèbres et de l'obscurité scintillante. Les étoiles brillaient de toute leur intensité dans le bleu marine du ciel, comme une infinité de petits phares guidant les regards perdus dans l'immensité du néant.

Mais elle était encore trop jeune pour percevoir le mystérieux et terrifiant vide derrière la voûte céleste. Insouciante et naïve, elle ne voyait que le ciel. Le ciel qui changeait de teinte selon le bon vouloir du soleil. Le ciel qui laissait habiter les étoiles en son sein et qui refusait de l'accueillir, elle ! Elle était si seule, songeait-elle quelques fois. Elles devaient toutes si bien s'amuser ensemble, là-haut... Ou alors, après réflexion, elles ne s'aimaient sûrement pas, cela devait être pour cette raison qu'elles étaient si éloignées les unes des autres...

Son regard s'arrêtait parfois plus longuement sur l'un de ses petits points lumineux. Quelle était l'histoire de cette étoile ? Et de celle-ci perdue tout au fond ? Peut-être qu'elles se connaissaient, peut-être même qu'elles devaient s'apprécier il y a longtemps, mais la masse noire ténébreuse – que nous appelons communément 'destin' - avait grandit entre elles pour les séparer à jamais ? Alors que sa rêverie l'emportait dans un élan de communion, elle tendait les bras vers le ciel, semblant embrasser l'immensité de la nuit. Et de ses petits doigts, elle traçait des liens imaginaires entre les astres, semblables à des petits ponts de lumière en-dessous desquels coulait le ciel noir. Grâce à son intervention, même les étoiles les plus éloignées ne seraient plus jamais isolées.

Les segments ainsi tracés formaient tantôt des dessins, relevaient parois de l'abstrait, mais souvent, c'était les deux ensemble. Alors, elle effaçait, retraçait, soumettait la lumière comme on dessinait dans le sable. C'était une œuvre de mouvement en constante métamorphose. Et bercée par la clarté, son esprit se mouvait comme les tableaux étoilés. Elle était transportée ailleurs, loin, dans son futur. L'enfant se voyait déjà grande, s'imaginait déchiffrant les mystères de cette carte géante. Elle en connaîtrait tous les recoins par cœur. Elle étudierait toutes ses étoiles jusqu'à s'émerveiller encore devant l'abîme de tout ce qu'il restait encore d'inconnu à l'Homme. Et peut-être que dans cette immensité nébuleuse découvrirait-elle des prodiges que nul avant elle n'avait approchés...

Sa rêverie s'interrompit lorsque le bruit d'une porte frappée la ramena sur Terre. Le plafond de la chambre revenait l'oppresser comme un couvercle. L'infinie coupole bleue marine avait laissé place aux murs de sa chambre, et les lucioles qui volaient librement dans le ciel tout là-haut redevenaient les fausses étoiles phosphorescentes. Chacune de ses tentatives d'évasion finissait par la ramener de plus en plus brutalement là où elle devait être. Pendant un moment, elle avait presque réussi à oublier qu'elle était enfermée depuis une éternité, elle avait réussi à chasser la Solitude. Mais cette dernière finissait toujours par revenir, accompagnée de son grand ami, l'Ennui.

« Elles sont plus belles en vrai » , se désolait-elle.

Contrainte à rester dans son lit, elle ne voyait plus de ciel. Depuis quelques mois, son début de scoliose s'était aggravé et la voilà incapable de bouger. Des mois qui lui semblaient plutôt des années. Outre la douleur passagère, la petite fille s'ennuyait à mourir et se renfermait sur elle de jour en jour.

Allongée sur son lit, Jemma ne distinguait son père qui entrait que par la pâle lumière de la lune. Au bord des larmes, elle préféra lui tourner le dos. Lorsqu'il vit sa réaction, il sourit tristement. En père très affectueux, il venait la consoler. Et cela commençait par venir la voir régulièrement pour éviter l'isolement.

« Allons, allons... Ne sois pas si triste, disait-il en l'embrassant sur le front. J'ai une surprise pour toi, et je sais qu'elle te plaira. »

Le Dr. Simmons la prit dans ses bras tandis qu'elle s'accrochait à lui, petit bébé qu'elle était. L'ennui lui donnait sommeil. Mais déjà si petite, elle avait cette curiosité qui la gardait constamment en éveil. Elle observait sa chambre qui s'éloignait de plus en plus tandis qu'elle était légèrement secouée par les pas de son père. Au fur et à mesure que celui-ci avançait, elle observait de loin, mélancoliquement, droit devant elle, le décor des lieux qu'ils avaient traversés. Tout à coup, elle sentit la fraîcheur de l'air sur sa joue et l'herbe coupée. Ils étaient dans le jardin. Son esprit s'éveilla. Son premier réflexe fut de lever les yeux au ciel pour découvrir juste au dessus de sa tête un pavillon étoilé de ténèbres tendues, vaste et magnifique à en donner le vertige. Elle ressentait à nouveau pour de vrai le poids de l'immensité du ciel sur son âme.

L'homme allongea sa fille et s'assit à côté d'elle sur un fauteuil qu'il avait déplacé au préalable. Jemma sentit quelque chose de doux sous son dos. C'était un lit. Un lit dans un jardin.

« J'ai vu que tu t'ennuyais alors j'ai placé ça là, comme cela, tu pourras admirer le ciel tous les soirs avant de t'endormir. »

Sa scoliose fut éventuellement opérée plus tard, cependant cette expérience la changea. Ce soir-là fut sans doute le point de départ de sa passion pour les sciences et le mystère. Non seulement elle appréciait ces moments de béatitude mais en plus, son père en profitait pour lui enseigner ce qu'il savait lorsqu'elle devenait trop curieuse. « Je veux aller là ! », disait-elle en pointant le ciel du doigt, pleine de conviction, avant de se reprendre « Euh... Non, là ! », ce qui faisait rire son père à chaque fois.

-Young years.-

Jemma s'avérait être une enfant prodige, à la grande fierté de ses parents.

Elle apprit à lire très tôt malgré elle, et passa donc ses premières années à l'école dans l'ennui le plus total. Ce que certains pouvaient apprendre en presque 1 an, elle le savait déjà. Elle ne montrait aucun intérêt pour les cours, préférant bouder et regarder par la fenêtre. Ses parents décidèrent de faire quelque chose pour elle. Ils avaient bien compris que ce n'était pas parce qu'elle n'aimait pas l'école. Justement, elle aimait apprendre, mais l'école ne relevait d'aucun challenge pour la petite fille. Elle passait donc ses journées à lire tout ce qu'elle pouvait, pour se remplir l'esprit de connaissances.

Suite à un rendez-vous et à de nombreuses discussions, il était décidé que l'enfant au haut-potentiel allait sauter plusieurs classes. A seulement 12 ans, elle était acceptée dans un des plus grands lycées de Londres. Mais la différence d'âge était telle que sa vie là-bas devenait difficile. La jalousie la poussait à se renfermer dans son monde de génie et de solitude. Ironique alors que sa passion était d'étudier la vie. Elle était bizarre, différente, trop jeune. Les gens la trouvait trop timide, parlait peu, et s'exprimait souvent de façon maladroite avec les autres. Quelques vrais amis la soutenaient. Sans doute était-ce le prix à payer pour pouvoir réussir dans la vie.

Alors elle continua à se centrer sur elle-même, persévérer dans ses devoirs et à l'école avec de facilités incroyables. Les années passèrent et la petite surdouée put ainsi rapidement faire le tour de son éducation requise et quitta tôt l'école. Pour compléter son parcours brillant , Jemma entra ensuite à l'université, où elle se spécialisa ensuite en biochimie et réussit à obtenir son premier doctorat Summa Cum Laude à l'âge de 15 ans, et un second l'année suivante, ce qui attira tout de suite l'attention du S.H.I.E.L.D.

Bien sûr elle avait souffert socialement. Elle pensait comme une grande dans un corps de petite fille. Personne jusqu'ici ne l'avait vraiment comprise. Une organisation comme celle-ci, qui valorisait ses compétences, c'était une offre qui ne se présentait qu'une fois. Elle ne pouvait pas refuser, même si elle risquait de devoir mentir à ses parents un jour. Le SHIELD avait la réponse à toutes les questions qu'elle se posait depuis l'enfance. Tant pis, c'était son côté aventurier et curieux qui prit le dessus. Elle accepta sans regretter.

-Welcome to SHIELD.-

L'académie du SHIELD. C'était donc là que se retrouvaient les meilleurs d'entre les meilleurs ? Devant la mini-ville totalement consacrée aux étudiants, elle se sentait intimidée. Jamais elle n'avait vu une chose pareille. Les moyens à dispositions des élèves étaient bien au-dessus de tout ce qu'elle avait pu imaginer. Et dire qu'elle n'avait que 17 ans alors que tous les autres élèves étaient déjà majeurs... Valait-elle quelque chose face à tout les autres ? Le cœur frémissant d'excitation et de peur devant l'inconnu, elle avançait vers sa nouvelle vie.

La première année promettait d'être difficile. Avec toutes ces traditions d'universités, la jeune fille s'attendait à beaucoup de farces et autres de la part des plus âgés. Auxquels elle se résignait. C'est le prix de l'éducation, se disait-elle, les places se méritent. Et quand elle regardait les autres qui passaient devant elle, les bâtiments du campus, les professeurs, elle avait bien compris que son monde avait changé en venant ici. Enfin un endroit pour elle, où elle se sentait réellement à sa place. Ici les plus populaires ne pouvaient être que les meilleurs.

La nouvelle étudiante rentra alors dans la salle de cours, un peu timide à cause de la nouveauté. Elle ne tentait pas de faire connaissance avec ses nouveaux camarades, ce qu'ils lui retournaient avec plaisir. Se faire remarquer dès les premiers jours était mauvais apparemment, stratégie largement approuvée... S'asseyant alors, au hasard, en silence, elle regardait les groupes se former autour d'elle sans envie. Un professeur entra, et se présenta. Un certain Vaughn. Plutôt vieux et à la voix soporifique.

« Bien, je vais commencer par tester vos connaissances. Remplissez juste ce formulaire et répondez aux questions. Vous avez 4 heures.»

Génial, on sent tout de suite le début des cours... Ça rigole vraiment pas ici, se disait-elle, sans être déçue. Elle ne se précipita pas, essayait de restituer ses connaissances et répondit consciencieusement. Sans stress, sans pression. Elle leva la tête. Il lui restait 1 heure encore, d'après l'horloge. Les autres avaient toujours leur tête baissée sur ce fichu formulaire qu'ils devaient maudire intérieurement. C'était pas bien compliqué pourtant... La jeune étudiante esquissa un léger regard d'incompréhension avant de rendre sa copie, toute confiante -en se demandant tout de même si elle n'avait pas oublié quelques questions-. Elle n'avait pas peur du résultat. Quelque chose qu'elle avait gagné avec l'âge était la confiance en elle. Et cela ne lui déplaisait pas.

Et comme elle s'y attendait, elle eu de bons résultats. Pour ne pas dire déjà la meilleure de son niveau. Si ce n'était... Ce Fitz. Un jeune blondinet, ayant le même âge qu'elle. Aussi doué et intelligent. Alors qu'elle espérait un peu de réconfort auprès d'un ami du même âge qui aurait pu comprendre son isolement, il restait distant. Il ne la regardait jamais. Il n'avait pas un seul mot de sympathie pour elle. Il ne lui parlait pas tout court. Il devait la détester c'est sûr... Parce quand elle le regardait -et elle le regardait souvent-, elle le voyait amical, plutôt sympathique et attachant... Et plutôt mignon. Qu'avait-elle fait pour mériter son mépris comme cela ?

Jemma interprétait cela comme de la haine, mais elle n'avait jamais eu aussi tort pour la première fois de sa vie, en passant... Ainsi commença leur rivalité légendaire -à sens unique-. Simmons, pensant que Leo la détestait, redoublait d'efforts pour surpasser son rival, ce qui payait, souvent. Ce qui était une bonne chose après tout : l'esprit de compétition la mit au rang des plus grands prodiges que l'école ait connu.

Et puis, un jour arriva où Simmons crut fort qu'elle allait le regretter. Le hasard fit qu'ils se retrouvèrent tous deux ensemble en chimie.

Et les étincelles commencèrent.

-Meet... Fitzsimmons !-

Silence de mort entre les deux camarades. Entre Simmons qui refusait de briser ce silence par gêne devant une personne qu'elle savait distante et Fitz qui n'arrivait pas à sortir quelque chose d'assez intelligent pour vouloir l'impressionner, celui-ci promettait d'être long... Finalement, après de nombreux regards qui se croisaient sans se voir, et parce que aucun des deux ne pouvait souffrir de ne pas rendre un travail à l'heure, le silence se brisa.

« Hum... Simmons. » « Fitz ? » « Je pense que nous devrions commencer par tester la combustion... » « Des éléments métalliques. » Leurs voix s’accordèrent en une harmonie parfaite. L'exercice se révélait encore une fois trop facile pour eux. Ils se regardèrent l'un l'autre en souriant, comme eux-mêmes surpris de cette synchronisation. Ils étaient vraiment trop bête d'avoir perdu ces derniers mois à nourrir une compétition stupide. « Ecoute Fitz je sais que tu me déteste mais...- » « Te détester ? Je... Non... Pas du tout ! Je...Tu m'intimides, voilà tout.» Et elle riait. « C'est stupide mais au fond...Je suis rassurée. Je pensais vraiment... » « Pardon, j'ai vraiment été idiot. » Le silence se fit encore. Mais la tension était tombée pour laisser place à quelque chose de magique. « Il me semble que ne nous nous sommes pas convenablement présentés. Jemma Simmons, biochimiste. » « Leo Fitz, ingénieur. » « Enchanté. », firent-ils d'une même voix.

Il réalisèrent que leur intelligence respective, bien loin de s'opposer, pouvaient se combiner ensemble pour créer les œuvres les plus merveilleuses. Ils étaient meilleurs à deux. Au lieu de se battre constamment l'un contre l'autre, deux personnes aussi intelligentes pouvaient s'unir et devenir quelque chose de plus grand. Deux génies insociables qui ouvraient enfin les yeux. Et depuis ce jour, ils devinrent la paire inséparable.

Jour après jour, ils firent de mieux en mieux connaissance et elle parvint finalement à le tirer de sa coquille. Fitz venait d’Écosse, d'où son accent si mignon. Partenaires de travail, ils créèrent de nombreuses collaborations, épatant aussi bien leur camarades que la faculté bien qu'ils soient seulement en première année. Cette relation se transforma très vite en une longue amitié. Ils se ressemblaient presque, excepté que Jemma avait le caractère plus indépendant et aventurier que lui. Mais ils se comprenaient mutuellement. Et s'ils ne s'étaient pas rencontrés ici, ils se seraient rencontrés forcément ailleurs. C'était le destin. C'était son meilleur ami et il changea complètement sa vie.

Complètement épanouie par cette amitié, elle se sentait désormais libre, intégrée. Elle sortait avec des garçons (ou des filles), ne sachant pas que cela brisait le cœur de Fitz, traînait avec des connaissances à la chaufferie, tout en ayant le temps d'étudier convenablement. Une vraie vie d'étudiante, quoi. Cependant ses relations ne tinrent jamais très longtemps, elle y mettait elle-même. Et pour cause, elle cherchait dans une relation amoureuse la complicité qu'elle avait avec Fitz. Mais tout les autres paraissaient complètements pâles et clairement moins intelligents face à lui.

La politique de tolérance était sévère, pas de brutes, ni de menaces. Elle aurait souhaité rester dans cette petite bulle de paradis scolaire toute sa vie si elle n'avait pas eu un goût trop prononcé pour les découvertes. D'autant qu'avoir Fitz à ses côtés la rendaient encore plus heureuse. Bien qu'il fut tout le temps qu'à ses côtés, elle le considérait seulement comme son meilleur ami. Mais cela lui suffisait largement. Ils étaient comme connectés. Personne ne pouvait la comprendre mieux que lui. Leur relation était tellement fusionnelle qu'ils étaient amenés à être appelés Fitzsimmons, même par les plus hauts gradés du SHIELD. Les deux plus intelligents élèves à jamais être passés par Sci-Tech.

L'année suivante, elle se spécialisa en biologie humaine et alien et fit la connaissance du Dr. Hall, conseiller en cinétique chimique. Jemma fut diplômée aux côtés de Leopold avec 3 ans d'avance. Ils étaient à présent les plus jeunes diplômés à avoir arpentés cette université.

Par la suite, tous deux acceptèrent un poste au laboratoire de recherche Sci-Ops. Mais Simmons, toujours aussi aventurière voulait voir plus que l'intérieur d'un simple centre de recherche. Elle voulait sauver des gens blessés sur le terrain, les soutenir. Découvrir le monde. Pouvoir être utile tout en étant surprise tout les jours. Dr. Vaughn ayant entendu parler de la décision de la jeune fille, lui montra son désaccord. Elle était bien trop jeune, et toutes les idées qu'elle se faisait du terrain étaient erronées. Elle y allait probablement laisser sa vie.

Mais la jeune fille, poussée par son instinct et son amour de la science, n'en avait que faire.

-The Team.-

« Et qu'a dit Vaughn à ce propos ? » « Ahem... Il n'approuve pas. » « Il y a des raisons à cela, Simmons. » « Oh Fitz, c'est la plus parfaite des opportunités que nous pourrions avoir pour voir le monde ! Nous serions trop bêtes si nous refusions ! », Simmons s'entendait redire.

Elle n'avait pas encore parlé de sa décision à son meilleur ami.

C'était dur mais elle avait fait son choix. Entre Fitz et ses ambitions, elle avait choisi ces dernières. Elle connaissait son opinion qu'il avait vivement manifesté lorsqu'elle lui avait parlé de sa conversation avec Vaughn... Rester toute sa vie dans un laboratoire alors qu'elle avait un potentiel exceptionel ? Jamais. Sur le coup, elle l'avait un peu mal pris, se sentant complètement abandonnée par une personne qui était censée l'approuver dans tous les choix qu'elle faisait. Et puis... Jemma avait réfléchi et avait accepté qu'il ait une autre opinion. Qu'elle pourrait changer.

« Je partirai, mais je serai malheureuse sans toi. »

C'était dit. Rien ne changerait son goût de l'aventure. Certes le propos était chargé d'émotion, mais cette tournure laissait Fitz dans une position où il était obligé de faire ses choix par rapport à elle. Et il était vraiment réticent. Il devait avoir si peur... Bien sûr qu'elle avait peur, elle aussi, mais ce n'était pas une raison pour reculer ! C'est ce sentiment de frisson devant l'inconnu, d'adrénaline, qu'elle voulait ressentir à chaque instant. C'est la peur qui nous pousse à nous surpasser. Elle n'aimait pas tellement cela mais elle n'avait pas le choix. Elle faisait ça pour leur bien à eux deux. Une conversation passionnée, tournant presque à la dispute, à propos des objectifs de la science, des facteurs humains, des mystères des siècles passés, de leur raison d'être et de vivre la science, laissa place à un long silence. Fitz réfléchit, semblant peser le pour et le contre tout en soupirant. Il se laissa convaincre. Comme elle l'attendait, il finit par accepter à contre-cœur. Par amour. Elle n'en savait rien. « D'accord. Mais si ils nous arrive quelque chose, je dirai que c'était ton idée », dit-il en souriant. Jemma ne put s'empêcher de sourire en retour.

Ils suivirent ensuite une formation, puis par la suite furent mis en contact avec divers d'autres Agents du S.H.I.E.L.D pour leur préparation. Il n'y eu toujours pas de réelle mission sur le terrain, mais ils devaient bien être préparés. Ils allaient voir le monde sous un nouvel angle, bien plus dangereux que celui qu'ils connaissaient.

Puis, Phil Coulson leur proposa de rejoindre une équipe particulière.

Enfin elle allait pouvoir affronter le danger et avoir les premières loges pour le spectacle sur le monde. Elle confirma, enthousiaste. Son rêve allait se réaliser. Depuis sur le BUS, la paire a crée des équipements divers et variés dans de nombreuses situations d'urgence, Simmons s'occupant des composants chimiques, et Fitz de la machine qui servira à les activer. Ses liens avec l'équipe se renforçaient au fil des missions. Ils étaient comme une petite famille, côtoyant le danger ensemble. Pour rien au monde elle n'aurait refusé une telle aventure. Cependant, elle n'aurait jamais imaginé autant de souffrance.

-What now ?-

HYDRA. Trahison. Ward. Triplett. Non, elle avait fait son deuil. SHIELD, divisé. L'afterlife. Torture. Elle repensait à ces deux dernières années où les mauvais souvenirs et les traumatismes venaient tâcher les bons. Les événements terribles qu'elle avait vécu, qui l'avaient changée elle les aurait subit un jour ou l'autre. Mais cela n'était rien comparé à ce qu'elle traversait maintenant. C'était Fury qui les avait quittés à présent.

Coulson, May, Skye, Bobbi, et Toi, Fitz, que devenez-vous donc ?

L'institution qui semblait si solide au point de s'offrir le luxe de protéger le monde avant de se protéger elle-même, cette institution, le SHIELD, avait failli se perdre. Entre HYDRA et la guerre civile, il en aurait bien été fini de sa seconde famille. Il suffisait donc qu'un homme, quelque puissant qu'il soit, arrive dans un monde renaissant, où le SHIELD se remettait des épreuves dont il était sorti difficilement, pour tout réduire à néant. HYDRA fut éventuellement chassé, mais il y eu de nombreuses pertes. Jemma priait de toutes ses forces pour que cet homme ne soit jamais de ce monde.

Le destin entendit sa prière.
Et dut la prendre à la lettre.
Le malheur venait d'ailleurs : Thanos foula la Terre et ce fut l'apocalypse.

Encore un cas social avide de pouvoir. L'Histoire terrienne avait eu son lot de fous furieux, il fallait maintenant y inscrire ceux des autres ? Tout de même, un original celui-là, il avait assez d'ambition pour réduire l'humanité en esclavage. La bonne blague. Nous sommes inexorables.

L'alien était cependant persistant. Tout ce qui constituait la protection des individus, l'affirmation légitime des droits de l'homme, la mise en relation de tout ce beau monde, tout disparut. Les Avengers avaient échoués et la façade officielle du SHIELD, fragile, tomba évidemment. A ce drame s'ajoutait que bon nombre de ses collègues retournèrent leur veste par peur ou par conviction. Et comme dans tout bon régime totalitaire ( à croire que Thanos avait bien copié sur nos 'grands' modèles), si tu tiens ne serait-ce qu'un petit peu à tes amis ou à ta famille, tu te tais. Mais même livrée à elle-même, elle sait au fond qu'elle n'est pas seule. Le SHIELD, serait-il éclaté en mille morceaux, opérait toujours mieux dans l'ombre n'est-ce pas ? Alors, Simmons se fait discrète, comme elle a toujours su l'être, et tente d'envoyer de l'argent à ses parents, qu'elle espérait encore vivants, pour les aider à supporter une vie dont la mort serait préférable. Elle aidait comme elle pouvait, sauvait quand elle en avait la possibilité, devenait médecin bénévole. En attendant. Le temps leur serait propice. Une révolution à laquelle elle prendrait part commençait tout juste de naître et, un jour, ils sauraient prendre leur revanche.